« À quelque chose malheur est bon » dit l’expression. La genèse des Éditions de l’Hêtre en est la parfaite illustration.

Une idée déconfinée

Lors du premier confinement, tout s’est réellement arrêté pour Audrey Debuysscher. Plus de missions, un calme absolu. C’est alors qu’a germé l’idée, elle nous raconte.

J’ai merveilleusement (et un peu honteusement) bien vécu le premier confinement. Une fois l’angoisse du manque d’argent mise de côté parce qu’elle me paraissait négligeable par rapport à ce que vivaient les soignants, les familles des personnes touchées de plein fouet, j’ai profité de ce temps hors du temps pour approfondir mes connaissances en plantes médicinales, en cueillette…

Grande lectrice, écrivaine, je n’arrivais curieusement ni à lire ni à écrire. J’avais besoin de mettre du corps, de créer manuellement. J’allais marcher à l’aube, je cueillais et récoltais, faisais mes macéras, mes tisanes. Et puis j’ai sculpté. Je crois que le premier pas s’est fait là. Une sculpture avec une branche de « mon » arbre, un hêtre que je vais câliner depuis trois ou quatre années. En le regardant, j’ai pensé à un nom : « Les éditions de l’Hêtre » et je me suis dit que si un jour je montais une maison d’éditions, ce serait parfait. L’hêtre, lettres, l’être, tout ce qui me nourrit.

Au déconfinement il a fallu remettre de l’énergie et mon homme, restaurateur, avait besoin de se relancer. J’ai alors d’abord eu l’idée d’organiser des dîners-concerts en extérieur pour lui et pour tous ceux qui ressentaient le besoin de revivre, de retrouver de la joie tout en se sentant en sécurité. Ce fut un franc succès avec l’envie de recommencer mais, cette fois, avec ma patte, ma participation officielle.

Ce fut le terreau pour la graine.

La pluie, l’eau pour faire pousser l’idée, a été déposée par l’une de mes clientes. Cette merveilleuse femme me confie ses manuscrits à organiser, retravailler. Elle m’a écrit lors de l’un de ses envois : « quand vous serez éditrice… » Mon ventre a palpité, mon estomac a chaviré, je savais que c’était ça dont je rêvais et qu’il fallait oser.

J’ai alors mûri lentement le concept, l’idée, de créer une maison d’éditions associative qui serait réellement au service du livre, de la création, des auteurs et autrices si mal rémunéré(e)s. L’envie également d’organiser des ateliers pour les adultes et les enfants, autour de l’écriture (ayant été formée aux ateliers d’écriture thérapeutique), du bien-(h)être et du mieux-(h)être. Donner envie de lire, d’écrire, d’aimer et de partager.